Le visiteur du futur s.3 2012

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La main du Diable, le film de 1943 de Maurice Tourneur
d'après G. de Nerval

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par David Sicé

A l'Hôtel de l'Abbaye, une auberge de montagne, les voyageurs bloqués par une avalanche discutent de choses et d'autres en attendant le dîner. Alors qu'ils se plaignent du retard du repas, ils entendent des coups de fusil. Cela ne les inquiètent pas, sans doute des contrebandiers. Au moment même où l'un d'entre eux raconte une histoire où l'on frappe à la porte, quelqu'un frappe effectivement à la porte. Le voyageur arrive sans bagage, répond curieusement à la question s'il n'est pas accompagné, pose des questions à propos d'un cimetière qui n'existe pas, s'énerve quand on évoque les coups de feu. Il se nomme Roland Brissot (Pierre Fresnay) et se présente comme un artiste-peintre. Il porte un gant de cuir à sa main gauche, car il serait amputé, et ne supporte pas qu'on touche à son paquet.

Peu après, les gendarmes entrent et posent des question à propos d'un petit bonhomme en noir, qui portait une caisse et l'a abandonné. A cette nouvelle, le voyageur s'affole et veut repartir sans tarder. L'aubergiste le persuade de rester. Et pendant le dîner, évidemment, tout le monde ne parle que de l'étranger, qui pour eux n'est qu'un fou, possiblement dangereux. L'homme n'a pas quitté son paquet. C'est alors que quelqu'un fait appeler Brissot au téléphone, où personne ne répond. La lumière s'éteint, les plaisanteries fusent - puis des cris : quelqu'un a attaqué la clientèle, puis s'est enfuit par la porte. Puis la lumière revient. De retour à sa table, Brissot réalise qu'on lui a volé son paquet. Il est effondré, et comme l'aubergiste veut appeler les gendarmes, Brissot l'en empêche, affirmant que personne ne pourra plus l'aider. Il décide alors de raconter toute son histoire...

Un an auparavant, Brissot n'était qu'un peintre sans talent et sans aucun succès. Tout changea un soir où, par plaisanterie, il accepte la proposition d'un restaurateur de lui céder une main coupée porte-bonheur pour le prix d'un seul sou.

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Le visiteur du futur s.3 2012

*** Pour tout public***

La Main du Diable fait partie d'une série de films tournés durant l'Occupation de 1940 dans des conditions difficiles, en contournant la censure allemande et la ruine économique. Dans cette série de films figurent plusieurs chefs-d’œuvre du fantastique, avec un niveau d'écriture, de réalisation et de jeu d'acteurs générant un impact émotionnel qui n'existe simplement plus aujourd'hui en France (cf. l'état catastrophique du cinéma et des séries télévisées fantastiques françaises actuels). Choses curieuses, ces films ne contiennent pas de propagande (ou alors anti-nazie).

D'après le roman de Gérard De Nerval, La Main du Diable raconte l'histoire d'un peintre peu ambitieux qui, par dépit amoureux, accepte de racheter un sou, en connaissance de cause mais sans y croire, une main coupée qui lui apportera richesse et talent... C'est raconté en apparence assez classiquement, à la manière d'un bon roman de la Bibliothèque Verte de la grande époque, mais ne vous y trompez pas, c'est quasiment un film de Fantasy urbaine en plus d'être une comédie d'épouvante.

Le film est très bien mené (beaucoup mieux que La Beauté du Diable avec Gérard Philippe, également disponible en blu-ray), avec un véritable sens du dépaysement, de la fantasy, atteignant un sommet assez terrible avec le banquet durant le carnaval de Nice, dont je n'avais aucun souvenir, et qui donne le frisson.

Si vous ne l'avez jamais vu, essayez de le voir.

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Lien à venir.

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american horror story 2011 poster

20101102MAR : Sortie CINE FR de La Main du Diable (1943) de Maurice Tourneur
avec Pierre Fresnay, d'après le roman de Gérard De Nerval

Blu-ray françasi multi-régions, piste française seulement.

Image : bonne à très bonne (ce qui est quasi miraculeux), bien détaillé pour ce qui est des décors, confortable mais pas cristallin, granuleux dans les parties sombres mais supportable, avec une légère pulsation, très supportable. Un plan m'a paru particulièrement abîmé (surexposé et granuleux).

Son : mono français daté mais très correct.

Bonus : le making of HD de Pierre-Henri Gilbert, très intéressant, avec de nombreux témoignages sur l'époque et le tournage.

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On n'est plus habitué à suivre des films racontés pour de vrai. Il faut donc un temps d'adaptation. Si dans la première partie du film, le parcours semble classique et sans surprise, hormis des effets spéciaux frustres mais efficace, l'arrivée aux deux-tiers du film nous fait basculer dans une sorte de rêve surréaliste à l'impact décuplé en HD, alors que tant de films plus récents souffrent au contraire d'un effondrement en règle du scénario et de la projection du film.

Pourquoi l'industrie du film français est-elle dégénérée au point de ne pas parvenir à égaler en terme de merveilleux et d'impact ce qui se faisait au moment où le cinéma souffrait pourtant d'une des pires situations imaginables ? - Plus de crédits, une production affamée, la réalité épouvantable de l'Occupation - comment de tels fléaux pourraient-ils faire moins de mal à la créativité française que ce qui l'étouffe et la stérilise aujourd'hui ?

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american horror story 2011 poster

19470407VEN : Sortie CINE US de La Main du Diable // Carnival Of Sinners (1943) de Maurice Tourneur
avec Pierre Fresnay, d'après le roman de Gérard De Nerval

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american horror story 2011 poster

19430421MER : Sortie CINE FR de La Main du Diable (1943) de Maurice Tourneur
avec Pierre Fresnay, d'après le roman de Gérard De Nerval

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***Fin de l'article***

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