Metropolis
Le film de 1926 de Fritz Lang
PILIER DE LA SCIENCE-FICTION
2026. Metropolis est la Ville, sur laquelle règne en maître Jo Fredersen. Alors que son fils Freder se plaît dans l'oisiveté totale, comme tout ceux qui appartiennent aux familles dirigeantes, le reste de la population est tenu en esclavage et vit dans les caves gigantesques sous la ville.
Mais cet ordre vacille lorsqu'une jeune illuminée nommée Maria (Brigitte Helm) décide de montrer aux enfants des ouvriers les niveaux supérieurs de la cité : Freder aperçoit Maria, la suit dans l'enfer des machines et se met en tête de changer le triste sort des ouvriers. Son père décide alors de trouver le savant Rotwang, un ancien rival pour le débarasser de Maria, et de la révolte ouvrière qu'il menace... Rotwang lui propose sa dernière invention, Parodie, un robot capable de prendre l'apparence humaine de Maria.
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Réalisé par Fritz Lang (M le Maudit, le Tombeau Hindou) d'après le scénario et le roman de Théa D'Arbou, Metropolis est un film clé de l'histoire de la Science-fiction. Toutes les scènes, toutes les images seront reprisent à travers les romans et les films qui suivront, et ce jusqu'au Z6PO de Star Wars et aux tours de Bladerunner. Le film lui-même n'a été montré dans sa version d'origine que six mois, alors que les Nazis règnent sur l'Allemagne. Les potentats du cinéma allemand feront ensuite main basse sur le film, dont ils referont le montage à leur convenance. Puis le film sera revendu aux partenaires américains - la Paramount - qui coupent à tout va le montage en question et se vantent d'avoir écrit une meilleure histoire, celle d'un savant fou et son robot maléfique.
Metropolis va connaître un bon nombre de rééditions et de ressorties au cinéma, en VHS, puis DVD. Mais c'est Giorgio Moroder qui ose, après des années de recherche, ressortir une version teintée (comme à l'origine, ce qui n'est toujours pas le cas des plus récentes versions, même "complètes"), et dotée d'une bande-son pop rock qui va faire mouche : interesser toutes les générations fans de Queen et autres à un film jusqu'ici massacré. Le montage est efficace, les premières scènes inédites apparaissent.
Face à cet "attentat" pop-rock, l'intelligentsia répliquera par des versions restaurées avec plus de moyens, mais avant celle de Ennio Palatas, ce qui parait peut aussi tenir du massacre, comme une édition qui prétendra remonter le film fidèlement à l'esprit de l'époque, tout en lui ajoutant une bande musicale affreuse de plus. Enfin, Ennio Palatas parvient à remonter le film cette fois d'après la partition originale et le livret remis à la censure nazie. Ce qui reste du film est complètement restauré et superbe à voir, magnifié par la musique orchestrale d'origine.
Ultime coup de théâtre : non pas une, mais deux versions "complètes" sont retrouvées en Amérique du Sud, et les dernières séquences manquantes (très abîmées) viennent, en théorie, compléter le puzzle. Dans les faits, il manquera encore à la version "ultime" deux à trois scènes situées en fin de bobine, mais cela fait vraiment quelque chose de voir pour la première fois un film que l'on croyait perdu à jamais.
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La page officielle de Kino (en anglais)
Les pages de KINO consacrées à la nouvelle restauration.
Ici un extrait novellisé de Metropolis (en français)
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20101122 : Sortie UK en blu-ray de Metropolis (1926) de Fritz Lang
Pour l'édition anglaise (Eureka Entertainment), il y a deux éditions en vente : le blu-ray simple (édition bleu), le bluray + dvd + livre (édition verte). Pas d'informations sur les régions (mais, vu la concurrence avec l'édition US de chez Kino, je parierais sur la région B - lisible seulement en Europe). La qualité d'image devrait être identique à l'édition US, mais franchement, avec les éditeurs de blu-ray, on ne sait jamais.
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Attention, une jacquette papier est collée (solidement) à l'envers au boitier métal côté ouverture : on peut croire que le boitier s'ouvre de l'autre côté et est coincé. Si on force, on fracasse le boitier. Il faut enlever d'abord la jacquette et ouvrir du côté fermé par la jacquette.
L'édition anglaise comprend uniquement des sous-titres anglais (c'est un festival de ratitude que de partager le film en autant d'édition que de pays, et qu'on ne me dise pas que les panneaux proposés n'ont pas déjà été traduits en français, vu que ce sont les originaux figurant déjà dans le livret destiné à la censure.
Le montage et la synchronisation avec la musique est différente de la précédente édition, même pour les parties déjà reconstituées. Le documentaire HD couvre les principales tentatives de reconstruction et inclue des images de Blade Runner, de la version de Giorgio Moroder, et du vidéo clip de Madonna. Le ton m'a paru très autosatisfait, condescendant.
Dans les faits, ce n'est pas une version complète de Metropolis, mais la version la plus approchée. Quant à l'état des segments retrouvés, je suis désolé mais c'est pitoyable : les rayures et les égratignures n'ont apparemment pas été réparées, je me demande seulement s'il y a eu des tentatives - mais peut-être le commentaire audio en révèlera plus.
Les images des segments déjà connus sont très belles tant qu'il ne s'agit pas de plan à effets de surimpression. Dans le cas de ces derniers, c'est le même combat que pour Jason et les Argonautes : sauve qui peut pour le grain et le flou des images. Est-ce si certain que les dessins originaux avaient disparus et qu'on ne pouvait pas remonter plus proprement le plan ? Et comment peut-on prétendre à l'authenticité ultime quand on sait de source sûre que la projection originale de Metropolis était TEINTEE ? Sur ce point en tout cas, la version de Giorgio Moroder demeure la seule correcte.
Ne vous y trompez pas, je suis formidablement heureux de découvrir un montage de plus de ce film pas tout à fait perdu mais quand même un peu. Je le suis beaucoup moins d'avoir à le payer quatre fois, toujours plus cher, en sachant pertinemment que ce ne sera pas la dernière.
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20101123 : Sortie US en blu-ray de Metropolis (1926) de Fritz Lang
Pour l'édition américaine, le site blu-ray.com annonce une image formidable pour les séquences déjà connues, et très abîmée pour les nouvelles séquences ("comme projetée sur une chute d'eau"). Il semble que question version, les éditeurs ont complètement dépecé la bête : version anglaise seulement pour l'édition américaine. Quant à l'édition anglaise, les annonceurs laissent planer le doute, et cela n'a rien d'innocent. Pas d'édition française annoncée à ce jour, et ça c'est encore plus suspect : comment faire en effet confiance à des gens qui essaient de vous vendre trois fois le même titre dans le même format, en vous laissant croire qu'il n'y aura pas d'édition dans votre pays ?
Ici le banc d'essai complet en anglais du site blu-ray.com
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20100423 : La bande annonce HD de Metropolis
la version "complète" est en ligne sur le site d'I-Tunes.
Ici la page de la bande annonce (format Quicktime)
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20100212 : Diffusion FR de Metropolis la version "complète"
de Fritz Lang sur ARTE .
Diffusée en direct avec l'orchestre en live pour accompagner le film comme lors de sa première en 1927. C'est une expérience hallucinante que de voir pour la première fois dans sa version quasi intégrale un film dont seules plusieurs versions mutilées à des degrés divers avaient survécu. La version "complète" n'est pas intégrale, car il reste plusieurs scènes manquantes (peut-être trois) au lieu de l'unique annoncée, notamment le passage où Maria s'évade, il me semble. Les scènes rétablies sont en (très) mauvais état et d'un format coupé par rapport au reste du film, mais l'émotion reste indemne (pour peu bien entendu que vous ayez un minimum d'expérience des films de cette époque).
Métropolis la version complète devrait sortir en Blu-ray d'ici décembre 2010, au moins chez l'éditeur américain KINO.
Les pages de KINO consacrées à la nouvelle restauration.
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20030218 : LE MONTAGE ORIGINAL SORT AUX USA
Ennio Palatas revient avec une bien meilleure idée que ceux qui ont essayés de restaurer le chef-d'oeuvre de Fritz Lang : utiliser le script original donné à la censure allemande et la partition pour orchestre originale et son chronométrage pour reconstituer le montage d'origine. Si les teintes colorées et certaines scènes définitivement (?) perdues manquent encore à l'appel, le résultat est magnifique.
Les pages de la restauration de Kino (en anglais)
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19840101 : UN NOUVEAU MONTAGE SORT AUX USA
Georgio Moroder, après avoir fait le tour du monde pour récupérer les bouts de pellicules coupés, restaure le film de Fritz Lang, le recolorise et le monte de manière moderne. Il ajoute une bande son pop-rock, menée par le groupe de rock Queen. Opération réussie : si le film reste mutilé, l'impact émotionnel total. A noter qu'il s'agit de la seule version avec teinte, et la seule à avoir rallié un nouveau public au film, alors que les restaurations suivantes ont au mieux "ennuyé" les jeunes spectateurs.
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19270110 : Sortie DE de Metropolis de Fritz Lang.
Dans le futur, l'homme d'affaire Joh Fredersen règne sans partage sur la mégalopole, s'appuyant sur une classe de riches oisifs avides de plaisirs, et des serviteurs zélés. Dans le même temps, une classe laborieuse meurt à entretenir les machines ou végète misérablement dans les profondeurs de la ville. Une jeune fille, Maria (Birgit Helm), milite pour que les deux classes se rencontre et ose amener des enfants ouvriers visiter les jardins supérieurs de la ville. C'est alors que Freder, le très naïf fils de Joe, aperçoit Maria et tombe immédiatement amoureux et cherche à la retrouver.
Lorsque Fredersen réalise l'influence que la jeune fille pourrait avoir sur son fils, il le fait suivre. Mais ce n'est qu'avec l'aide de son ennemi, le savant roboticien Rotwang (Rudolf Klein-Rogge), qu'il parvient à surprendre le sermon de Maria dans les catacombes : si la jeune fille prêche la paix, et recherche celui dont le coeur rapprochera la main (les ouvriers) de la tête (les dictateurs), les ouvriers, eux, sont au bord de la révolte. Joh Frederson voit alors l'occasion rêvée de reprendre le contrôle et de se débarasser du danger : il demande à Rotwang de faire enlever Maria et de se servir de son robot, déguisé en la jeune fille, pour provoquer une révolution catastrophique, qu'il réprimera dans le sang.
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La plus grosse superproduction de l'époque, bourrée d'effets spéciaux, avec des milliers de figurants. Le film fut un échec financier, Fritz Lang fut écarté et le film remonté, puis rapidement revendu à l'étranger, notamment aux USA, où les studios étaient libres de remonter complètement le film et en changer les intertitres. La version originale fut longtemps considérée perdue avant d'être retrouvée à la fin des années 2000.
L'impact visuel du film de Fritz Lang est total et se poursuit jusqu'aujourd'hui - Fritz Lang était alors inspiré par la cité de New York, qui depuis le début du siècle se prenait pour la mésopotamienne Babylone reconstruite tandis que sa femme Théa Von d'Arbou prêchait la fin de la lutte des classes, une idée fortement appréciée des nazis qui arriveraient au pouvoir dix ans plus tard. Lang en revanche frappe par la noirceur de ses personnages : Fredersen, le politique marchand machiavélique et sans scrupule, Rotwang, le savant pervers, automutilateur et violeur - la meute des ouvriers stupides et manipulables à merci, ou celle de la jeunesse dorée autodestructrices et obsédée par le sexe. Difficile d'en trouver un pour rattraper l'autre - seule les enfants sauveurs d'enfants (Maria l'idéaliste, Freder généreux naïfs) et leurs quelques alliés, seraient alors à même de fonder une nouvelle société.
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