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FIREFLY 101 : SERENITY

PROLOGUE

DERNIER REMPART

 

HERA, MAI 2511

VALLEE DE LA SERENITE.

 

La bataille faisait rage. Les balles fusaient de toutes parts. Les soldats au dossard rouge dévalaient les versants de pierres calcinées, pour mieux se faire faucher par un drone de l'Alliance. L'un d'eux, plus fous que les autres, bondissait d'un rocher à l'autre pour mitrailler l'ennemi jusque sous son nez. Le drone fonça sur lui. Les décharges d'énergie filaient sous ses bottes. Le soldat s'étala à couvert derrière un mur de sacs de sable. Indemne. A deux pas du camp retranché. Un dernier bond, et Malcolm Reynolds était en sécurité.

 

Green, le Radio se précipita vers lui : « Sergent, le Commandement dit que la couverture aérienne attendra jusqu'à ce qu'ils puissent avoir un rapport.

– Un rapport ? s'indigna Reynolds. Il nous faut les Forces Aériennes. Dis leur de se ramener ! »

La première classe Zoé Warren intervint : « Ce drone est en train de nous laminer, Monsieur.

– Monsieur, ils ne bougeront pas sans le code d'autorisation d'un Lieutenant, répondit Green.

Reynolds s'élança vers un corps à terre. Il arracha l'insigne – pour la donner au Radio : «  Le voilà, ton code. Tu es le Lieutenant Baker. Félicitation pour ta promotion. Maintenant RAMENE MOI LES FORCES AERIENNES ! »

Reynolds se tourna vers le reste de l'équipe : «  Bon, on s'est reculé juste assez pour les entraîner ici. Que l'escouade sorte, qu'on commence à les dégager. »

Zoé Warren répondit : « Pas tant que ce drone sera en l'air !

– Ca, c'est notre problème, rétorqua Reynolds. Merci d'être volontaire. »

Il se retourna vers le plus jeune des sodats :

« Bendis ! Couvre-nous : on part à la chasse en canard. »

Une explosion les jeta tous à terre. L'un des leurs hurla de douleur.

« Concentrez-vous ! » cria Reynolds en se relevant. Il reprit :

« L'Alliance disait que ce serait un tour de valse que de prendre la Vallée de la Sérénité. Et on les a faits s'étouffer avec ces mots. On a fait l'impossible, et c'est ça qui fait de nous des héros. Juste encore un peu de temps, et nos anges sèmeront la pluie et le feu sur ces arrogants escrocs. Alors, tenez bon ! TENEZ ! GO ! »

Reynolds s'élança. Zoé Warren le suivit. Ils se retrouvèrent dehors, à juste un mur de la mitraille. « Vous croyez vraiment qu'on peut l'abattre, Monsieur ? demanda la femme soldat.

– Vous vous le demandez vraiment ? » répondit Reynolds.

Il embrassa rapidement la croix d'argent qu'il portait à son cou, pour se dépêcher de la remettre sous sa chemise. « Prêt ?

– Toujours, » répondit Zoé Warren.

Recroquevillé derrière eux, le soldat Bendis tremblait de peur.

« Bendis ! » appela-t-elle. Le gamin ne bougeait pas. « BENDIS ! » Mais Bendis restait planqué derrière les bidons. Zoé Warren jura en Chinois, et se releva pour ouvrir le feu depuis le poste de combat.

Pendant ce temps, Reynolds fonçait le long du versant du ravin, mitraillant tout sur son passage. Il abattit un soldat de l'Alliance qui arrivait par la crête. Le soldat hurla de douleur. Reynolds gagna un abris de rocailles. Tout autour de lui, la terre s'embrasait sous l'impact des balles explosives. Zoé Warren le rejoignait. Le feu ennemi redoubla : tout le ravin n'était plus que flammes et crépitement d'armes automatiques, que ponctuaient les cris des chefs ennemis.

Reynolds prit quelques secondes pour balayer de son viseur la position abandonnée par les siens quelques minutes auparavant. Les cadavres des Indépendantistes jonchaient le sol, au bas d'une pièce d'artillerie lourde… De deux coups ajustés, il débusqua un soldat de l'Alliance, qui s'était dissimulé en contrebas, derrière un buisson. Le soldat tenta de riposter – mais une courte rafale le culbuta. Aussitôt, Malcolm Reynolds s'élança pour dévaler la pente, jusqu'à la batterie de canons. Zoé Warren talonnait le sergent, qui s'empressa de coller ses yeux au viseur de l'engin. Tandis qu'il faisait basculer les canons dans la direction de la crête, l'ordinateur intégré projetait des indications sur la visière. Le Drone de l'Alliance arrivait, en virevoltant sur son axe. Un rictus féroce déformait le visage du sergent. Le cercle bleu se superposa au triangle verdâtre du Drone. Les deux canons se mirent à crépiter. Encore et encore. Orange, bleu, orange, les chiffres et les cercles tressautaient devant les yeux de Reynolds. Les flammes jaillissaient de partout. Le Drone piquait sur lui. Son flanc s'ourla de blanc, et quelque chose tomba de son aile.

« OUAIS ! » cria Reynolds en lâchant les manettes des canons.

Le Drone de l'Alliance continuait de foncer sur lui. Il perdait son aile, ses réacteurs prenaient feu. Les yeux de Reynolds s'agrandirent. Le sergent indépendantiste prit ses jambes à son cou.

« Zoé ! »

Comme hypnotisée, la femme soldat regardait fixement le Drone descendre sur eux, nimbé de fumée noire. Reynolds bondit sur elle pour la jeter derrière les sacs de sables de l'avant-poste. Il y eut une énorme flamme. Puis les débris de métal volèrent dans toutes les directions.

La mitraille des combats reprit de plus belle. Zoé Warren et Malcom Reynolds se relevèrent. Le sergent se mit à rire. Zoé soupira, soulagée.

De retour au campement, Zoé lança à Bendis (qui était toujours recroquevillé à l'entrée de la tente) : « Joli tir de couverture...

– Vous avez vu ça ? lançait Reynolds, Green, quel est notre situation sur… ? »

Le Radio gisait affalé contre une caisse, une balle en pleine tête. Reynolds hésita : « Zoé… » Ils n'étaient plus que trois. Bendis arrivait. « Hé, écoute-moi, » souffla Reynolds. Le jeune soldat triturait son arme, hochant la tête sans le voir. « Bendis, REGARDE-MOI ! » répéta Reynolds. Les yeux égarés du soldat revinrent à ceux du sergent. « Ecoute, nous tenons bon, quoi qu'il arrive…

– On va mourir... répondit le jeune homme en baissant les yeux.

– On ne va pas mourir, répliqua Reynolds. On ne peut pas mourir, Bendis. Tu sais pourquoi ? Parce que c'est nous les plus mignons. Nous sommes tellement mignons que Dieu ne peut pas nous laisser mourir. »

Le jeune soldat le regardait, ne sachant plus quoi répondre. Reynolds lui attrapa le menton : « Hein ! Regarde-moi cette mâchoire d'acier ! »

Bendis ne pût s'empêcher de sourire, puis il baissa les yeux à nouveau.

« Allez… »

Zoé releva la tête. Les deux autres l'imitèrent : un sifflement descendait sur eux. Reynolds reprit : « Si tu ne veux pas m'écouter, écoute donc ça  ! »

Le sifflement se transforma en le vrombissement caractéristique d'un appui aérien. Reynolds jubilait : « Ce sont nos anges gardiens, boutant l'Alliance jusqu'en enfer. »

Le sergent se retourna : « Zoé, dit au 82 ème …

– Ils ne viendront pas, » répondit alors la femme soldat qui avait pris place au poste radio. Le sourire de Reynolds disparut. « Le commandant dit que c'est trop chaud. Ils se retirent. Ils nous disent de nous rendre. »

C'était au tour de Reynolds d'avoir l'air égaré. Le sergent se tourna vers Bendis, qui releva la tête : « Mais alors, qu'est-ce que… »

Zoé Warren et Malcolm Reynolds se regardèrent. Reynolds se releva lentement. Son visage monta jusqu'au-dessus de la pile de sacs de sable : Comme dans un rêve, deux lourds vaisseaux de l'Alliance à décollage vertical descendaient sur la Vallée de la Sérénité.

Les yeux de Bendis s'agrandissaient… Une fleur de lumière naquît sur sa poitrine. Le garçon partit en arrière, agité d'un soubresaut, les yeux encore ouverts.Les étoiles se mirent à tomber par milliers. La Vallée toute entière s'embrasa. Le feu avançait sur eux. Et Malcolm Reynolds ne pouvait détourner son regard de ce feu.

 

CINQ ANS PLUS TARD

 

Les étoiles étaient bien à leur place pendues dans le noir absolu de l'espace. Malcolm Reynolds n'entendait dans son casque que son souffle bruyant et le bourdonnement ténu de l'intercom. Sans gravité, il n'y a plus de haut, ni de bas : Zoé Warren le regardait, en contrebas de l'écoutille. Pour elle, il se tenait la tête en l'air, à quatre pattes sur la coque du cargo naufragé.

«  La soute est scellée… O.K., je vais la frire , bourdonna la voix de Reynolds dans leurs écouteurs. Jayne, envoie la colle . »

Jayne Cobb était une grande brute au regard pas intelligent. L'explosion avait déchiré le vaisseau spatial comme une vulgaire boite de conserve. La trappe d'accès aux soutes donnait désormais droit sur le vide intersidéral. Tels trois mouches orangées, les astronautes se tenaient perchés tout autour de l'entrée de la cave au trésor.

Jayne flotta jusqu'à Malcolm pour lui passer le pistolet à injection. Avec le pistolet, Malcolm déposa un filet rosâtre enrobé d'une pâte translucide tout autour de la serrure. Puis, abandonnant le pistolet à injection toujours relié par un file à la pâte, Reynolds s'empressa de s'éloigner du sas, sous le regard inquiet des deux autres. Le filet rosâtre vira à l'orange vif, puis la pâte translucide se mit à fumer. Le métal se mit à fondre tout autour de la serrure.

«  O.K. On prend la marchandise ; on se tire de cette épave et on revient au vaisseau. Pas de souci. » conclut Malcolm.

A plusieurs centaines de mètres, leur astronef flottait au-dessus de l'arrière déchiqueté du tanker intersidéral écarlate. « Tout a l'air bien vu d'ici, fit Wash dans la cabine de pilotage. Oui, Oui… ». Le pilote du cargo de l'espace Sérénité brandit deux dinosaures en plastique : « …c'est une terre fertile, et nous nous épanouirons… »

Hoban Washburn (dit « Wash ») haussa le ton, alors qu'il promenait un plesiosaure vert et un tyrannosaure rouge vif au-dessus des voyants multicolores du pupitre de navigation : « Nous règnerons sur cette terre, et nous l'appellerons… ».

Wash hésita : « …Cette Terre. »

Le pilote prit alors une voix grinçante : «  Je pense que nous devrions plutôt l'appeler Ta Tombe !

– Aaaah, répondit le Plesiosaure : Maudite soit ta soudaine mais inévitable trahison ! Grrr-rrr-rrrah ! »

Le Tyrannosaure retira ses crocs de la gorge du plesiosaure pour clamer avec délice : «  Ma terre sera un Royaume du Mal  ! Maintenant - MEURS !  »

Le Plesiosaure tentait en vain d'échapper à la morsure du monstre : « Mon Dieu, non ! s'écriait-il, Dieu tout puissant… »

C'est alors que l'alarme de proximité du vaisseau spatial se mit à sonner. Wash débarrassa d'un revers de main le tableau de bord de ses dinosaures, pour découvrir sur l'écran radar usé rougeoyant un point clair – qui fonçait sur le triangle luminescent représentant le Sérénité .

« Oh, miséricordieux fils de p… », s'exclama le pilote.

 

Adaptation française de David Sicé, 21 février 2005.

D'après un scénario de Joss Whedon et Tim Minear.

Texte et illustration originaux tous droits réservés la Fox et Joss Whedon.

 

 

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