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ULTRAVIOLET : LE FILM

UN

 

L'hélicoptère coupa à travers le ciel au-dessus des gratte-ciels de Chicago, se déplaçant aussi rapidement et aussi silencieusement qu'une mortelle anguille dans les eaux calmes d'un océan. Les bâtiments à sa verticale étaient simples et beaux, autant de lignes droites à l'élégance de l'acier argenté, camouflant leur béton armé et leur alliage, se mêlant à la beauté naturelle du paysage environnant, beauté à laquelle les constructions contribuaient plutôt que de la réduire. Il y avait encore du béton en quantité – il y aurait toujours du béton – mais les pierres lourdes, ornées et l'architecture gothique des siècles précédents avaient disparue, tandis que l'acier et la majorité des bétons vieux et fissurés avaient été emportés par les structures lisses, et plus nettes des temps modernes. Les rives du Lac Michigan et de la Rivière Chicago étaient remplies de parcs citadins détrempés de verdure, aux gazons luxuriants et aux jardins spectaculaires remplies de prouesses paysagistes. Plus aucune fumée ni aucun autre polluant ne menaçait la pureté de l'air ; aucun nuage contre nature ne gâchait le charme cristallin du ciel bleu au-dessus des citoyens, lorsque ceux-ci sirotaient leur café sous des parasols aux couleurs vives et près de tables aux plateaux recouverts de mosaïques. Car, d'aussi loin que le regard pouvait se porter, rien ne dérangeait ce canevas ininterrompu du genre humain et de ses parages.

A part cet hélicoptère sombre et complètement aveugle.

A l'intérieur du cockpit, le pilote et le copilote manoeuvraient leurs commandes sans hésitation, repérant leur trajectoire au moyen d'une batterie d'écrans à cristaux liquides, surveillant l'affichage des modifications du terrain, et la mise à jour constante des informations sur l'altitude, la vitesse et la distance. Habillés de noir de la tête aux pieds, ils étaient vifs et anonymes dissimulés par leur casque et leur visière opaque. Leurs doigts gantés volaient au-dessus des boutons et des commandes avec une vitesse et une économie de gestes remarquables.

« En approche, dit soudain le pilote. L'écran à sa droite mitrailla des coordonnées et une grille d'orientation dans un feu d'artifice de rouge, vert et bleu, tandis que sa voix claquait dans les écouteurs intégrés à leurs casques : « Vitesse aérienne maintenue. »

« Altitude Echo, répondit immédiatement le copilote : dérive avant et latérale, les chiffres décroissent vite à partir de maintenant. »

« A mon signal, annonça brusquement le pilote : Trois, deux, un… » Il releva la tête : « Go ! »

Le copilote, dont l'index était resté au-dessus d'un bouton marqué de rouge légèrement excentré sur son tableau de bord, pressa fermement le contact. Il y eu un choc étouffé dans le dos des deux hommes, comme le mécanisme de verrouillage de l'accès à la soute arrière se libérait et que la trappe s'ouvrait en grand. L'habitacle du mince hélicoptère fut rempli des hurlements du vent et de la vitesse. Ensuite, déclenché par l'ouverture de la trappe, sept sphères d'acier obscur de deux mètres de diamètres roulèrent le long des cloisons, comme des boules de bowling disproportionnées, et, suivant les rails fixés dans le plancher de l'hélicoptère, elles dégringolèrent sans à-coups à travers la trappe, pour chuter dans le vide.


Traduction : David Sicé, 2006.

D’après la novellisation de Yvonne Navarro.

Tous droits réservés Screen Gems 2006.

 

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